mercredi 8 juillet 2009

Batoumi, station pétrolière



Drôle de ville que Batoumi, 120 000 et quelques habitants. A quelques arpents de côte de la frontière turque, la capitale de l'Adjarie géorgienne est le centre névralgique de la riviera géorgienne. Quand le soleil frappe trop fort dans sur la cuvette de Tbilissi, au coeur de l'été, la jeunesse dorée de la capitale prend le train et la voiture, et délocalise ses promenades nocturnes sur le front de la Mer noire.

Pourtant, au temps de l'URSS, Batoumi était une sorte de cul-de-sac. La ville-frontière avec un Etat ennemi, la Turquie. La ligne de front maritime sud entre le Pacte de Varsovie et l'OTAN. Une cité fermée, un comble pour une ville qui fut avant la Première guerre mondiale un port de première importance, où fleurissaient comptoirs, ambassades et consulats (au nombre de 27 parai-il) et les délégations occidentales. "Il y a même un vieux quartier français à Batoumi", nous a assuré Levan Varshalomidze, le jeune gouverneur propulsé à la tête de la République autonome d'Adjarie en 2004 par Mikheïl Saakashvili.

Durant les années Chevarnadze, qui ont précédé la Révolution des Roses, Batoumi était la capitale d'un Etat semi-mafieux, qui ne répondait à rien, et surtout pas aux ordres venus de Tbilissi. L'Adjarie était sous la coupe d'Aslan Abachidze, gouverneur pro-Kremlin, et chef d'une "bande de criminels, de meurtriers et de trafiquants de drogue", selon les mots de Mikheïl Saakashvili.

"A l'époque, tout était noir dans cette ville, c'était une ville sombre, sans électricité. 75% du budget de l'Adjarie était alors consacré à la sécurité et à entretenir 3000 hommes de main, se souvient Levan Varshalomidze, né dans la cité il y a 37 ans. Il y avait une vraie frontière entre l'Adjarie et la Géorgie, un checkpoint." A quelques reprises, on frôle l'affrontement armée entre les nervis du régime Abachidzé et forces de l'ordre géorgiennes.

En 2004, Saakashvili a repris la main sur cette pièce maîtresse de l'échiquier géorgien. Pacifiquement, sans affontements comme en Abkhazie ou en Ossétie. Et à Batoumi, un semblant de normalité a repris son cours. Les trains pétroliers continuent à affluer dans la ville et à déverser l'or noir de la Caspienne dans les tankers affluant dans la baie. Les installations portuaires sont entièrement contrôlées par un consortium pétrolier kazakh.

Depuis 2004, on voit moins de Russes à Batoumi, mais de plus en plus de Turcs. Un complexe hôtelier financé par les Turcs a ouvert en plein coeur de la cité : la tour qui domine la ville tient autant du gratte-ciel stalinien moscovite que des bâtiments meringues de Disneyland Paris. En 2008, Batoumi devait accueillir 500.000 touristes. En raison de la guerre et de l'occupation russe, ils ne furent que 200.000 à venir respirer sur la côte.

Malgré l'aspect plus industriel que présente la photo, prise du côté du port de commerce, Batoumi se veut désormais la Sotchi du sud de la Mer noire, un point d'ancrage estival pour les touristes géorgiens, turcs, arméniens et azéris.

(Photo Stéphane Siohan - iPhone)

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